Si Dieu n’existe pas, tout Est permis ?

Réflexions sur le mot de Dostoïevski

Tout, vraiment ? Question pour le moins préoccupante…

Si Dieu n’existe pas, tout est permis, disait Dostoïevski. En un mot, il liait l’absence de Dieu transcendant à la licence morale, elle-même menant au nihilisme. C’est là qu’on voit l’origine russe de l’auteur, car en Russie, tout est permis, ou presque. D’autant plus que le nihilisme s’y développait rapidement à son époque…

Au contraire, et comme pour lui répondre, un philosophe marxiste contemporain, Slavoj Žižek, disait : « Avec Dieu, tout est permis ».

Selon lui, les plus grands massacres furent perpétrés au nom d’un idéal se voulant transcendant, et d’autant plus dangereux qu’il était abstrait et utopique. On peut penser aux concepts abstraits comme la Liberté, la Révolution ou encore le Communisme…

En réalité, ces deux conceptions se complètent plus qu’elles ne se contredisent.

Comment cela ? Il suffit de considérer à sa juste valeur l’emploi de la majuscule… Ainsi, on peut dire que sans Dieu, tout est permis, mais qu’avec un dieu, tout est permis aussi !

Ici, l’important n’est pas l’existence d’un idéal qui est mis en cause, étant entendu qu’un homme véritablement vivant n’est animé que par un idéal (fût-il celui du néant). C’est bien plutôt la nature de l’idéal qui importe : Dostoïevski entend l’idéal chrétien, détaché de soi, celui qui pousse vers les hauteurs, celle de la charité qui finit par s’épancher sur son prochain…

Žižek considère plutôt ce que l’homme considère comme absolu. Le point de départ n’est donc pas le Créateur, mais la créature. On voit donc bien que ce « dieu » là n’est pas transcendant !
Il s’agit des « dieux » dont parle Saint Paul, quand il dit que certains « font des dieux de leur ventre », ou de l’argent, ou du pouvoir. Il y a en effet, dans ces idoles, matière à tout justifier…

Mais alors, comment s’assurer que l’idéal poursuivi est bien divin, et non une idole, faite à son image ?

C’est la question qui devrait préoccuper le chrétien, car prendre un objet pour s’en fait une idole, c’est renverser le plan de Dieu !

Et, même avec une bonne intention, on peut s’aveugler par des idoles dans la pratique de la vie spirituelle. Pensons à celles de la lettre, du devoir à accomplir sans discernement, ou même du respect humain, des Pharisiens aux Tartuffes de notre temps…

Un premier critère pourrait être l’indépendance absolue entre les velléités changeantes de l’homme et l’idéal immuable proposé. Mais cela suffirait-il ? Non. Il faudrait de plus appliquer le bon sens évangélique, savoir : reconnaître l’arbre à ses fruits. En scrutant ainsi les fruits de sa vie spirituelle, et en la comparant avec l’idéal tout divin, on pourrait se faire une idée. Et, la grâce aidant, on progresserait, lentement mais sûrement.

Et alors on s’affranchirait des idoles pour se rapprocher du Dieu véritable, vivant et vivifiant.

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