Kaliningrad, terre (presque) russe

On parle de la Russie, et pourtant… !

Qu’il y a-t-il de commun entre le bourgeois libéral de Saint-Pétersbourg, le businessman de Moscou, le Sibérien féru de nature et le Koubanais, sanguin comme tout sudiste qui se respecte ?

Ne faudrait-il pas plutôt parler des Russies ? Non pas comme on parlerait des Gaules, et sans inclure, comme dans l’histoire, la Biélorussie, cette « Russie blanche », et la Malorussie, cette « petite Russie » qu’on nomme désormais Ukraine…

Non, mais plutôt par regroupement de régions, qu’on pourrait distinguer à la fois par la géographie et la mentalité…

Tout travail, en tant qu’œuvre humaine, est digne de critiques et n’est jamais parfaite. Surtout une esquisse rapide d’un sujet aussi large que le pays dont nous comptons parler ici…

Toutefois, ces réserves faites, lançons nous : même approximative, une esquisse donne une idée, et on pourra toujours ajouter des coups de crayons pour affiner le croquis ainsi entamé.

Voilà donc une nouvelle série d’articles, « Les Russies », au nombre d’articles pour l’instant non défini.

Une enclave pour commencer

Partons des réalités géographiques facilement analysables, car délimitées avec précision : Kaliningrad.

Cette enclave russe, entre les pays baltes et la Pologne, semble être une anomalie de l’histoire… Et il faut la connaître pour répondre aux nombreuses questions qu’elle suscite : pourquoi son rattachement à l’URSS en 1946, et, surtout, pourquoi son affectation au soviet russe, et non pas au polonais ou au lituanien, pourtant bien plus proches ?

C’est qu’il s’agit d’une terre prussienne, et germanique depuis longtemps ! Königsberg, Cranz, Rauschen… Ça ne sonne pas très slave, tout ça ! [1]

Mais les Allemands ont été poliment remerciés après la guerre, avec toute la courtoisie que l’on devine au petit père des peuples, l’affable Staline. Quelques Polonais, des Lituaniens, des Biélorusses, et surtout des Russes : voilà la nouvelle composition ethnique d’après-guerre. Quelques Allemands sont bien restés, surtout leurs entreprises, d’ailleurs…

En tout cas, on remarque dans cette région quelques particularismes : un attachement plus fort à l’Europe, bien plus facile à sillonner, une vision à long terme des consommations, là où le Russe se rend souvent en magasin acheter une brique de lait et dix œufs… L’architecture rappelle qu’ici, si c’est la Russie, c’est aussi l’Europe. Et il est révélateur qu’une nouvelle zone résidentielle porte le nom de « Europe russe ».

Des colombages à en rappeler l’Alsace,
illuminés pour plaire aux touristes russes !

Ce serait déjà une Russie à part : la Prusse russifiée, le trophée de guerre de Staline, l’enclave militaire qui empêche ses ennemis de tourner en rond, car sa position stratégique lui permet de surveiller les environs.

Le prochain article portera sur une partie de Russie que les Russes eux-mêmes ont tendance à ne pas considérer comme étant la vraie Russie… Et c’est en effet loin d’être évident !


[1] Prusse… Pour la petite histoire, le nom même de « Prusse » est une déformation de celui de tribus baltes « borusses« . Ce peuple borusse, aux confins de ce qui devait devenir la Russie, étaient ainsi désignés car ils étaient « presque russes »… Comme quoi, c’était écrit…

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