Moscou, trop capitale pour être russe !

La deuxième Russie, ou plutôt la Première, est celle dont les Russes disent unanimement : « Ça n’est pas la Russie ! »

Ce consensus, taquinerie amusée, présente parfois une jalousie bien mesquine, voire un mépris assumé.

C’est qu’il s’agit de la capitale, qui, comme toutes les capitales, est vue comme une ville à part. Ici, c’est même considéré, avec un sourire ou sérieusement, comme un État à part entière. Comme on dit ici « dans chaque blague il y a un fond de vérité… ».

Pourtant, Moscou n’a pas de lois plus particulières que celles des autres régions de la Fédération.

Non, c’est son niveau de vie qui surprend, interroge et parfois scandalise nos Russes. C’est le principal critère pour en faire un État à part, isolé de la Russie par son MKAD, l’infernal périphérique où se forment tant de bouchons… Si les routes sont les vaisseaux sanguins d’une ville, alors Moscou est pleine de caillots, deux fois par jour au moins, à se demander comment elle échappe à l AVC…

On prête à Moscou une mentalité dynamique, trop rapide même, orientée business et efficacité, ainsi qu’une certaine arrogance… « Au-delà du périphérique (MKAD), on ne vit pas », voilà ce que les provinciaux mettent dans la bouche de ces fieffés capitalistes moscovites.

Le niveau de vie aidant, les ambitions des Moscovites sont supérieures à la moyenne : beaucoup partent à l’étranger, dans cet Occident qui fascine autant qu’il questionne.

Et d’ailleurs, c’est en Europe que se rendent nos Moscovites pour les vacances, étant entendu que, dans le reste de la Russie, on ne saurait vivre (même pour quelques semaines de vacances donc) !

À la fois dans son niveau de vie, dépassant souvent la moyenne occidentale, et par la mentalité de ses habitants, à la vie rythmée par le métro et les embouteillages, Moscou n’est pas la Russie, admettons !

Mais alors, qu’est ce donc que la Russie ?

La voilà, la vraie question…!

En supposant la frontière du périphérique moscovite bien définie et pertinente, la Russie serait donc l’ensemble des provinces ?

Cette supposition, qui revient souvent dans la bouche des provinciaux, justement, j’aime à la défier un peu. Oh, pour voir, simplement, la réaction…

« Moscou n’est pas la Russie, alors, c’est tout le reste la Russie, c’est ça ?

– Évidemment !

– Bien, alors… Que dire de votre seconde capitale ?

– Ah, Saint-Pétersbourg…?

– Oui, exactement… Est-ce que c’est ça, la Russie ?

– Eh bien, euh… »

Eh bien non ! Ce « euh » trahit à lui seul le Russe, bien embarrassé de cette colle… Comme ça, après avoir ôté la première ville russe, il faut cesser de compter la seconde, et à raison !

La facilité avec laquelle on peut piéger son russe m’a toujours déconcerté, et amusé, il faut le dire…

Dans le prochain article, nous expliquerons en quoi, si Moscou n’est pas la Russie, alors, nécessairement, sa rivale du nord ne doit pas non plus compter !

1 réflexion sur “Moscou, trop capitale pour être russe !”

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