En Russie, Rien n’est permis, mais tout est possible ?


Clouscard avait une formule lapidaire pour qualifier son grand ennemi, le « capitalisme » : tout est permis, mais rien n’est possible. On peut donc logiquement inférer que le sociologue n’avait jamais mis les pieds en Russie post-soviétique…

Car à vrai dire, en Russie, rien n’est permis. Une foultitude de lois, toutes plus absurdes les unes que les autres, se contredisent dans un joyeux chaos. Enfin, joyeux… Probablement pour les législateurs, moins pour les citoyens qui doivent s’y soumettre. Mais à vrai dire, la loi est une chose, l’idée de la loi une autre, l’interprétation de celle-ci par le juge… encore une troisième, et on finit la liste des intermédiaires par le policier, qui voit lui aussi les choses à sa façon (en prenant parfois un pourboire…).

Ainsi, en Russie, où la législation est souvent obscure, même pour les juristes eux-mêmes, on peut trouver, dans de nombreux cas, des lois qui vont dans notre sens, et d’autres qui nous contredisent. Et même avec une hiérarchie de lois, où la fédérale prime sur la régionale, il y a encore de nombreuses zones d’ombres…

Donc rien ne serait permis en Russie ?

Oui, ou presque… Car la loi a, ici aussi, sa coutume, et celle-ci s’arroge souvent le droit… de contredire la loi en vigueur.

Un exemple ? Par exemple, ces pauvres panneaux « interdit de se baigner », « interdit de se promener sur la glace »… Les pauvres doivent se sentir aussi utiles que le drapeau de la flotte mongole ! Et si seulement on se contentait de les ignorer et de passer outre, comme les tourniquets de métro à Paris… mais non ! Certains se font allégrement taguer, comme pour dire « parle toujours, tu m’intéresse ».

Et s’il n’y avait que ça… Tiens, en pensant aux tourniquets, il y a un jeu aussi populaire qu’ancien en Russie. En le traduisant mot à mot, on obtiendrait « vas-y que je descende sur le quai me balader le long de la voie ferrée jusqu’au trou dans le grillage prévu à cet effet ». Un peu long, je l’accorde, mais le sens est compréhensible.

A vrai dire, on a bien l’impression, comme le dit l’adage russe, que « tout le monde s’en fiche ». Ici, chacun vit sa vie comme il l’entend, et on sent rarement la pression sociale ou son fils le politiquement correct comme en Europe de l’Ouest. Ah, ça donne lieu à des fautes de goût visibles à dix kilomètres à la ronde, c’est sûr… Mais enfin, chacun gère ses propres affaires, sans importuner son voisin ni lui faire la morale.

Exceptions notables à la règle

Enfin, je ne peux faire l’impasse sur quelques exceptions à cette règle. Ce sera non exhaustif, bien sûr. Mais ici, on risque de se faire reprendre, explicitement ou non, si :

  • On critique la grande Victoire, celle de la Seconde Guerre Mondiale (c’est leur « sacré » à eux)
  • On se met ostensiblement à soutenir la religion LGBT (c’est leur « blasphème » à eux, à noter que chez nous, les deux premiers points sont inversés…)
  • L’idée nous prend de boire en public / on conduit en état d’ébriété (pour le coup, les policiers sont intransigeants là dessus !)
  • Ah, et en cas de manque de respect envers une grand-mère aussi, car la Russie est une babouchkocratie… (Oui je développerai plus en détail dans un prochain article !)

Voilà les points saillants qui me viennent en tête le plus rapidement.
Il y en a probablement d’autres, mais les Russes sont les plus pocucurantes qu’il m’ait été donné d’observer… Et ce, à un point qui ne manquera pas d’étonner l’Européen de visite !

Une minute de silence pour le dernier mot de ce panneau...
« Interdit », tel était son nom, avant de tomber au front des ordres inutiles, et dans l’oubli.

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